lundi 9 février 2015

Pierre Dac, mon maître soixante-trois


 
Mon maître soixante–trois, c’est ainsi que le surnommait Jacques Pessis, journaliste, écrivain, scénariste, biographe, que Pierre Dac a nommé légataire et neveu adoptif !

Comme bien d’autres humoristes il débuta au cabaret en récitant des monologues qui tranchaient avec le style des chansonniers d’alors. C’était loufoque, mot qu’il inventa pour qualifier son humour et qu’il glorifiera en créant plus tard le Club des Loufoques.

Cet homme eut une vie bien chargée que nous évoquerons une autre fois, homme de radio, comédien, grand résistant, voix de la France à Londres … mais c’est à ses écrits que nous nous intéresserons aujourd’hui.

En 1938, il fonde l’Os à moelle, nom inspiré de Rabelais (la substantifique moelle) et de son père boucher, qui est présenté comme l’Organe officiel des Loufoques. Le premier numéro de cet hebdomadaire satirique paraît le 13 mai 1938. Ce journal de 4 grandes pages est diffusé chaque vendredi à quatre cent mille exemplaires, le plus grand tirage de la presse d’avant-guerre !

Dès son premier numéro, il forme le Ministère Loufoque dont les portefeuilles sont distribués au Poker Dice ! Les petites annonces qui feront une grande partie de son succès sont écrites par Pierre Dac et son compère Francis Blanche qui débutait alors. Elles seront publiées dans chaque numéro du journal, de plus en plus délirantes … et personne n’y a jamais répondu, le contraire aurait été le comble de la loufoquerie !!!

Le journal, anti-hitlérien dès l’origine, disparait le 7 juin 1940 (au numéro 109) et l’équipe du journal est contrainte de quitter Paris sur le point d’être occupé.
L’Os à moelle reparaitra épisodiquement du 11 octobre 1945 au 15 octobre 1947 sous le nom de l’Os libre (107 numéros) puis du 23 avril 1964 à février 1966 (73 numéros) avec de nouveaux talents comme René Goscinny et Jean Yanne.

C’est à cette période alors que j’étais étudiant que j’ai connu et attendu fébrilement cette publication hebdomadaire et apprécié, les annonces, bien sûr, également les recettes de cuisine farfelues de Pierre Dac, les jeux stupides de Jean Yanne, et que chaque semaine on annonçe qu’exceptionnellement c’était la Pharmacie Lopez qui était de garde à Santiago du Chili, gag fil rouge du journal … le grand délire, une grande époque !

L’intégrale des Petites annonces l’Os à moelle, présentées par Jacques Pessis dans un ouvrage de 495 pages siège en bonne place dans ma bibliothèque. Une vraie bible !

Pierre Dac n’est pas seulement un humoriste, mais digne successeur de Pascal, il peut être considéré comme un philosophe moderne. Il a ainsi écrit et compilé et publié ses Pensées qui sont étudiées dans certains lycées. Elles font et feront rire des générations de lecteurs et il ne se passe pas de jour qu’on ne le cite, à la radio, dans la presse, sur internet …

Il a aussi écrit de nombreux articles de presse, des sketches et monologues, des pièces de théâtre parodiques  (le fameux Phèdre à repasser), des romans, Du côté d’Ailleurs, Les Pédicures de l’Ame, Dialogues en forme de tringle ...

Nous parlerons dans un autre blog de ses feuilletons radiophoniques et n’oublions pas qu’il a écrit avec Fernand Rauzéna les sous-titres français du classique du burlesque américain Hellzapoppin !

Des ouvrages de textes retrouvés et des anthologies de ses oeuvres ont été publiées après sa mort, Arrière-pensées, du Côté de partout, , Essais, maximes et conférences

Cet homme brillant mais modeste, très marqué par la mort de son complice Francis Blanche, décédera  quelques mois après, le 9 février 1975 à 82 ans d’un manque de savoir-vivre selon ses prévisions (!)

Mais nous n’avons cependant pas fini de parler de Pierre Dac !


Addendum dernière minute :



 

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